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BRED Banque Privée : « Meilleure Banque Privée en France »

Une récompense partagée à travers une campagne média déclinée dans les Echos, le Figaro Economie et Investir!

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La BRED partenaire des Assises de la Parité 2022

Les Assises de la Parité ont pour objectif de mobiliser des intervenants issus du monde politique, des médias, des entreprises afin d’approfondir ensemble les aspects de la parité dans la société.

Découvrez à travers mon interview les raisons qui motivent la BRED à promouvoir la parité et l’égalité des chances en son sein et à participer aux Assises de la Parité aux côtés d’intervenants issus du monde politique, des médias et d’autres entreprises.

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« Après la Covid : Mutualisme et Coopération, leviers d’une sortie de crise »

Mot d’accueil | Olivier Klein

« Bonjour à tous, ravi de vous recevoir et d’organiser ici, à la BRED, les sixièmes Assises de la coopération et du mutualisme dont nous sommes adhérents et dans lesquelles nous sommes engagés depuis la première année.

Pour cette introduction, je vais rapidement développer trois idées.

La première concerne l’évolution du capitalisme. On sait tous que le capitalisme a démarré sous une forme familiale, puis, parce que les familles évoluaient dans le temps, s’agrandissaient et que les fondateurs disparaissaient, il a fallu ouvrir le capital et se sont développées les sociétés par actions. Ainsi est née, particulièrement à la suite de la seconde guerre mondiale, une forme de capitalisme « managérial » dans laquelle les managers ont davantage pris le pouvoir, parfois au détriment de l’intérêt des actionnaires dispersés et de l’efficacité légitime. En conséquence, dans les années 1980 s’est développé un capitalisme « actionnarial » remettant la balle du côté des actionnaires, avec des formes plus efficaces mais également avec d’importantes dérives. Les innovations efficaces ont permis de faire venir de grands talents dans de petites sociétés en les associant à la réussite, par une participation au capital (sous une forme ou sous une autre), ce qui était difficile sous le capitalisme managérial. Cela a donc facilité l’innovation et les « start up ». Mais on en connaît bien les dérives. Il s’agit de tout ce qui a fait en sorte que les dirigeants d’entreprises soient plus attachés à l’intérêt des actionnaires qu’au reste des parties prenantes. Avec les dérives financières y attenant. Ainsi, selon moi, nous devons évoluer vers un capitalisme « partenarial » qui comprendrait davantage toutes les parties prenantes : les actionnaires, qui évidemment apportent de l’argent et le mettent en risque, mais aussi les salariés – qui eux aussi prennent des risques sous une autre forme –, les clients, les fournisseurs et la société dans son ensemble. Prendre en compte la société s’exprime certes à travers la RSE, mais plus largement par le fait que les entreprises sont engagées vis-à-vis de leurs territoires, de la transition climatique… Il se trouve que la forme mutualiste et coopérative,  même si ce n’est pas la seule, est l’une des formes qui s’appliquent bien au capitalisme partenarial. Il est évident que dans nos banques, par exemple, les clients sont au cœur même du système puisque l’actionnariat y est représenté par le sociétariat et que les sociétaires sont des clients. Il n’y a donc pas de sociétaire non-client. Selon les formes, tous les clients sont sociétaires ou tous les sociétaires sont clients (comme à la BRED), mais en tout état de cause ce sont les clients qui forment le Conseil d’administration, ce sont donc eux qui contribuent à forger la stratégie de l’entreprise. Une stratégie, par construction, très orientée client. Les salariés sont également depuis très longtemps au cœur du projet dans nos formes mutualistes et coopératives. Et, bien évidemment, la société l’est aussi. Bien avant que les questions RSE ne soient « à la mode », nous nous engagions déjà avec beaucoup de sincérité dans de nombreux domaines, aussi bien au niveau très local, en soutenant tel club de sport,  telle association ou tel événement culturel, qu’à un niveau plus large, comme à la BRED par exemple dans la diffusion du savoir ainsi que dans l’égalité des chances, facteurs très importants pour renforcer le lien social et favoriser la cohésion des territoires.

La deuxième idée que je souhaite développer est qu’un groupe bancaire comme BPCE est un groupe décentralisé de banques régionales coopératives, des banques de plein exercice. Le rôle de nos banques est par construction encore plus fort sur nos territoires que celui des banques centralisées. Car entre chaque territoire et sa banque il y a une osmose, une convergence d’intérêts. Si le territoire ne va pas bien, la banque n’ira pas bien. Et si la banque, par son rôle de facilitateur, ne va pas bien, il y a peu de chance que le territoire se développe bien. Cette osmose provoque donc des choses assez différentes de ce que l’on peut connaître dans d’autres modèles. Le jour où dans telle ou telle de nos régions l’activité de crédit dégage un peu moins de rentabilité, pour une raison de surcroît de risque par exemple, pour autant toute l’épargne collectée dans la région ira financer les développements de projets sur ces mêmes territoires. Elle ne sera pas affectée à une région permettant une meilleure rentabilité des crédits octroyés. C’est fondamental et ce n’est pas le cas partout.

Il y a bien chez nous cette équivalence entre l’intérêt du territoire et celui de la banque qui y travaille. La notion de RSE y est donc encore plus réelle, encore plus concrète. Et dans un monde qui a été fortement globalisé, même s’il se compartimente rapidement, on a vu apparaître depuis des années un besoin encore plus fort de proximité, un besoin auquel, je le pense, nos banques répondent. Lorsque l’on interroge les Français sur les banques, on note un attachement viscéral à nos formes de banques du fait de la proximité qu’elles développent.

Proximité géographique et proximité relationnelle avec les clients -quel que soit  le canal utilisé – qui lie le client à sa banque.

Proximité également décisionnelle. Je me rappellerai toujours la première fois où je suis allé à Lyon pour une banque qui était centralisée, les entreprises clientes nous laissaient prendre des parts de marché sur d’autres banques centralisées, mais jamais sur les banques régionales. La raison en est très simple : la banque régionale possède un accrochage local qui est indépassable, car elle a tissé une réelle relation avec le client.  Car celui-là connaît les responsables finaux de la banque, qui sont là pour longtemps. En outre, les décisions de crédit sont prises sur place et non à Paris.

Proximité enfin managériale, qui est aussi cruciale. Dans une banque de réseau, on a besoin de collaborateurs très motivés, très conscients de la valeur de nos clients et de l’importance de la relation avec eux. Cette motivation fait la différence. Ce n’est pas pour rien que les banques mutuelles et coopératives en France, depuis 30 ans, ne font que progresser pour aujourd’hui atteindre entre 65 % et 70 % des parts de marché de la banque de détail, y compris sur le marché des PME. Cette proximité managériale permet à tous d’être impliqués dans la stratégie, de la comprendre, d’en être acteurs et ainsi de se sentir bien davantage plus motivés. Parce que les managers sont proches des dirigeants qui sont là, bien présents sur leurs territoires. Et ces dirigeants responsables de leur banque sont attachés à leur région et travaillent dans des banques de plein exercice, ce qui leur donne beaucoup de responsabilité et ce qui développe des dynamiques entrepreneuriales considérables.

En outre, le fait d’avoir un actionnariat « collectif », composé de clients-sociétaires permet à nos banques, de  ne pas dépendre de la bourse,  de sa volatilité, de ses effets mimétiques,  comme de la pression de très court terme qu’elle organise.  Sans jamais exonérer nos banques de l’impératif d’efficacité et de rentabilité. Pouvoir penser à long terme et assurer une proximité forte avec ses clients sont ainsi deux atouts essentiels de notre mode de gouvernance.

Ma dernière idée concerne l’alliance de l’éthique et de l’efficacité, idée que je défends depuis plus de 20 ans. Je suis persuadé que notre modèle permet de lier éthique et efficacité de manière remarquable. Rien de tout ce que je viens d’énoncer ne se fait au détriment de l’efficacité, tout au contraire. Il n’y a pas d’efficacité longue sans éthique dans la relation client, comme vis-à-vis des salariés. Je demande toujours aux conseillers de se comporter de la façon suivante : « Accompagnez vos clients de manière à ce que dans 10 ans, lorsque vous les rencontrerez à nouveau dans la rue, vous n’ayez pas l’envie de changer de trottoir et que vous soyez fiers de ce que vous avez fait pour eux ». Et il n’y a évidemment pas d’éthique longue sans efficacité, car si l’on n’est pas efficace, on n’a pas les moyens d’être éthique, puisque tôt ou tard on n’existe plus. Il faut donc lier la morale à l’efficacité, l’une ne pouvant aller sans l’autre et réciproquement.

Pour conclure, cette proximité multidimensionnelle construit la performance, elle permet  même la surperformance. Aujourd’hui, les coefficients d’exploitation – rapport entre les charges et les revenus des banques – sont structurellement meilleurs dans les banques de détail des groupes décentralisés que dans l’activité de banque de détail des groupes centralisés. Dans un pays très centralisateur, j’ose dire que c‘est grâce à cette décentralisation bancaire que nous avons des coefficients d’exploitation plus bas, donc que nous sommes plus efficaces. Nous sommes ainsi des banques compétitives, efficaces, et cette efficacité permet de fait de bien mieux servir les clients. Le premier principe de l’éthique est d’être utile à ses clients. Puisque nos modèles mutualistes et coopératifs permettent ce mariage fructueux de l’efficacité et de l’éthique, j’ai la conviction que nous sommes là pour longtemps.

 Je vous remercie. »

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Lettre semestrielle de la Ligue Européenne de Coopération Economique « spéciale 75 ans »

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Discours d’Olivier Klein à la remise de la Légion d’honneur par le Grand Chancelier le 21 Septembre 2021

  • Monsieur le Grand Chancelier,
  • Madame Puga,
  • Madame et Messieurs les Ministres,
  • Monsieur le Sénateur,
  • Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, excellences,
  • Monsieur le Président de l’Autorité des Marchés financiers,
  • Madame et Monsieur les Gouverneurs,
  • Monsieur le président de la chambre du commerce d’Ile de France et de Paris,
  • Monsieur le Directeur Général du Trésor,
  • Monsieur le Président du groupe HEC,
  • Monsieur Le Président du Conseil de surveillance de BPCE,
  • Monsieur le Président de la Fédération des Banques Populaires,
  • Madame la Présidente de la Fédération des Caisses d’Epargne,
  • Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs Généraux,
  • Princesse,
  • Chers amis, vous êtes tous ici mes amis,
  • et ma chère famille,

L’exercice consistant à parler de soi est toujours embarrassant. Il peut être facilement complaisant, voire un peu narcissique. Il peut aussi et surtout être fastidieux pour les autres… comme pour moi-même d’ailleurs.

Donc, à un aussi beau moment que celui-là pour moi, où je reçois une telle distinction, un tel honneur de la part de la République française, des mains mêmes du Grand Chancelier que je remercie vivement et très sincèrement, dans un lieu aussi prestigieux que celui de la Grande Chancellerie, je vais tenter de ne pas céder à la complaisance, de vous éviter l’ennui, en ne vous racontant pas ma vie.

Je vais en échange énoncer quelques idées, en m’efforçant d’être le moins professoral possible, ce qui m’est évidemment très difficile !

Je vais ainsi aborder 2 ou 3 sujets qui m’animent, dans tous les sens du mot, qui donnent sens à ce que je fais et qui font que j’aime profondément ce que je fais, pour les partager avec vous.

*

*                       *

Je commence par l’économie.

L’économie est à mes yeux la reine des sciences humaines. L’économie, quand elle ne se referme pas sur elle-même, tente en effet d’expliquer comment les hommes s’organisent pour vivre, pour faire société, pour chercher à améliorer leur sort.

Il s’agit donc là de sujets cruciaux et tellement nécessaires pour comprendre le mode de fonctionnement de nos sociétés.

Tenter de comprendre le monde !  Vaste programme un peu prétentieux probablement. Mais tellement enthousiasment. Tellement stimulant. Tellement nécessaire aussi. Tocqueville ne disait-il pas, cher Nicolas Baverez, « On a le droit de ne pas aimer le monde dans lequel on vit. Mais on n’a pas le droit de ne pas le comprendre ».

Avec l’économie, on aborde des questions fondamentales. Celle, par exemple, de la capacité d’auto-organisation des acteurs économiques, donc de la capacité de l’économie à subir des chocs et à revenir à l’équilibre par elle-même, par le libre jeu des acteurs. C’est l’auto-régulation. La capacité d’ordre spontané. Il faut ainsi comprendre les forces qui y concourent. Comprendre le rôle potentiellement auto- équilibrant des forces de marché. Mais il est également indispensable de comprendre les cadres spécifiques institutionnels, les règles, l’appareil et le système juridiques, etc., qui le permettent.

Et il est crucial de bien analyser ce mode de régulation pour, si l’on pense devoir intervenir dans le fonctionnement de l’économie, ne pas casser ce qui peut marcher tout seul. Ou même se réparer tout seul. Pour éviter d’introduire des mécaniques qui provoqueraient des réactions inverses à celles que l’on espère obtenir en intervenant. Je pense à d’innombrables cas. « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » disait déjà Bossuet. Ou, tout simplement « l’enfer est pavé de bonnes intentions ».

Donc il nous faut comprendre, sans idéologie, sans anathème, mais aussi sans glorification, le  fonctionnement de l’économie de marché. Pas si simple en France !

Sans glorification et sans idéologie non plus, dis-je, car si l’on veut bien comprendre la réalité telle quelle est, il faut aussi comprendre que, dans certaines conditions, au-delà de certaines plages « normales » de fluctuation, la sommation de toutes les actions individuelles rationnelles ne conduit pas toujours à une rationalité collective. En effet, dans certaines conditions se mettent en place des dynamiques déstabilisatrices qui conduisent tout aussi spontanément, par le seul jeu des combinaisons des rationalités individuelles, à s’éloigner de plus en plus de l’équilibre, donc à conduire à la crise. Et là, seules les institutions hors marché, Etats et / ou Banques Centrales  peuvent mettre fin à ces dynamiques dangereuses, car elles ne sont pas contraintes de suivre les logiques de marché.

D’où également la nécessité d’analyser et de théoriser ces mécanismes et ces crises pour comprendre la société telle qu’elle est. Et pour pouvoir, lorsque nécessaire, comprendre comment améliorer la vie des hommes, en évitant au mieux la récurrence des crises économiques et financières. Ou, le cas échéant, en sachant les réparer.

Mais attention, cela ne signifie pas non plus, comme je l’ai déjà dit, que toute intervention, toute politique économique, soit forcément bonne. Il ne faut, me semble-t-il, ni angélisme de marché, ni angélisme étatique. Il peut y avoir – et il y a dans l’histoire – des erreurs de marché.  Il peut y avoir     – et il y a dans l’histoire – des erreurs de politique économique !

C’est pourquoi, très vite, je me suis intéressé aux crises économiques et aux crise financières. Elles  peuvent être provoquées par des erreurs de marché, comme par des erreurs de politique économique. Ou par les deux à la fois. Ce sont les pires !

Je me suis concentré principalement, mais pas exclusivement, sur l’économie monétaire et financière, parce que  toute économie est par essence monétaire. La monnaie et la confiance dans la monnaie sont des clés de voute de l’ordre social. La monnaie est le lien fondamental de l’économie de marché. Puisse-t-on s’en souvenir…

Donc, dans mes écrits comme dans mes cours, comme bien entendu dans mes activités professionnelles à plein temps, à temps très plein même, la banque, mes thèmes principaux de réflexion sont :

– la monnaie elle-même,

– les cycles financiers et les crises financières,

– la politique monétaire, devenue centrale, notamment depuis la Grande Crise Financière, au point d’ailleurs qu’on lui demande souvent trop,

– Et, bien entendu, la banque et les marchés financiers.

Ainsi, de mon goût pour l’économie, me sont venus :

1. Mon goût, ma passion, pour la banque

2. Mon goût, mon besoin même, pour l’enseignement. Pour expliquer et pour transmettre.

*

*                       *

Mais commençons par l’enseignement.

Non sans avoir salué l’un de mes anciens professeurs d’économie ici présent, M. le Ministre Edmond Alphandéry, qui avait non seulement le feu sacré de l’enseignement, mais encore qui a été parmi ceux qui m’ont transmis leur passion pour l’économie. Merci à lui !

L’enseignement et l’écriture donc :

En espérant tout d’abord que Tchekhov avait tort quand il disait : « Les hommes intelligents aiment apprendre, les imbéciles aiment enseigner ». En réalité, comme beaucoup d’enseignants, parce que j’enseigne, j’apprends sans cesse. Si je n’enseignais pas, je considérerais que je n’aurais jamais le temps de lire la littérature, la théorie économique. Or quel plaisir effectivement d’apprendre sans cesse !

L’enseignement est donc une contrainte que j’adore… m’imposer. C’est une ascèse, une obligation de rigueur que l’enseignement ! Mais c’est tout à la fois un plaisir intense. Ascèse et plaisir font en fait souvent bon ménage. Ce n’est d’ailleurs pas une contrainte très difficile à m’imposer, parce que préparer et structurer un cours, par exemple, est pour moi une véritable jouissance pour l’esprit. L’acte de conceptualisation qui fait que l’enchaînement des idées a soudain l’évidence de la clarté est un plaisir inouï.

Et l’enseignement, pour moi, c’est aussi l’incroyable bonheur de la transmission du savoir. De voir les yeux s’éclairer, quand tout à coup on a réussi à rendre clair, rendre compréhensible quelque chose qui paraissait auparavant compliqué ou obscur à ceux qui vous écoutent. Evidemment les visios, zoom, Teams ou autres…

Au passage, je ne comprends jamais mieux moi-même que lorsque je sais que je dois l’enseigner !

Après avoir enseigné à Paris I (Panthéon-Sorbonne) en année de licence et à l’ENSAE en 3ème année, cela fait plus de 30 ans que j’enseigne à HEC. J’en ai encore autant de plaisir, autant d’excitation ! C’est un véritable besoin !  HEC est une merveilleuse école, qui, depuis  15-20 ans, a remarquablement réussi son  internationalisation et a su se hisser au sommet des podiums européens et mondiaux. Grâce notamment à la main sûre et stratège de Bernard Ramanantsoa, son Directeur Général pendant longtemps. Et à ceux qui ont poursuivi ce chemin, comme EloÏc Peyrache aujourd’hui. Grâce aussi évidemment à son collège d’enseignants et leur doyen, cher Jacques Olivier…

HEC est un bijou français de l’enseignement qui s’est imposé dans le monde ! Ce n’est pas si courant…

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La banque maintenant !

C’est le lieu, la nature d’entreprise, où, à mon humble avis, on peut le mieux observer l’économie. Et même y agir ! Le type d’entreprise où l’on est le plus en interaction, le plus en interface, avec l’économie toute entière. Mais la banque, c’est aussi avant tout, une entreprise, avec sa stratégie, ses ressources et ses objectifs. Et ce ne sont pas de ses objectifs chiffrés dont je parle ici, mais bien de sa « raison d’être », pour prendre un vocabulaire plus tendance, mais aussi plus profond.

Quelques réflexions rapides, en vrac, si vous le permettez :

  • Première idée : Conduire une entreprise, c’est d’abord une responsabilité vis-à-vis des équipes qui la composent. Au fond, pour moi, c’est la responsabilité ultime. A-t-on bien fait et tout fait pour que l’entreprise que l’on dirige aille dans la bonne direction ?  Soit durablement profitable pour protéger les emplois ? A-t-on tout fait pour faire en sorte qu’y travailler soit tout à la fois l’expression et d’une saine exigence et d’un véritable plaisir ? Pour que le travail y soit une réalisation individuelle et collective, comme un dépassement de soi ?  Que l’on y donne la fierté d’appartenance, parce que son entreprise réussit et qu’elle réussit avec  et grâce à une forte éthique ?

Je crois en effet beaucoup au mariage de l’éthique et de l’efficacité. Ethique vis-à-vis des salariés,  des clients, comme de la société globalement dans laquelle on s’inscrit. Je crois qu’après les errements du capitalisme actionnarial, il nous faut instituer le capitalisme partenarial avec la prise en compte de toutes les parties prenantes, y compris les actionnaires bien entendu.

  • Deuxième idée : Les banques commerciales sont indispensables à l’économie. Les banques commerciales sont, avant tout, des entreprises du temps long. Elles accompagnent et facilitent les projets de vie et d’entreprise de leurs clients. Et ces projets se déroulent dans le temps long précisément. Banque relationnelle, banque de conseil, dans la durée, dans la confiance.

Les banques allouent en outre des ressources financières à ces projets, en les sélectionnant. C’est aussi l’un des rôles économiques des banques. Utile de dire oui, mais utile de dire non aussi ! Si tous les projets étaient financés et développés sans sélection, si tous les ménages pouvaient dépenser durablement plus qu’ils ne reçoivent, si toutes les entreprises pouvaient financer leurs pertes sans fin, il n’y aurait pas de contrainte monétaire. Il n’y aurait pas d’économie efficace. On n’économiserait alors pas la peine des hommes.

Les banques commerciales enfin sont les acteurs qui font coïncider dans l’économie les capacités de financement avec les besoins de financement. En prenant sur elles-mêmes, sur leurs comptes de résultats, les risques de crédits, de taux d’intérêt et de liquidité, au lieu de les laisser à la charge des ménages et des entreprises qui ne veulent pas ou ne peuvent pas les prendre. Les marchés financiers, par construction, ne sont pas faits pour absorber ces risques. Ils les redistribuent. Pour toutes ces raisons, les banques commerciales sont indispensables à l’économie. Et les marchés financiers et les  banques jouent des rôles complémentaires, non substituables pour l’essentiel.

Ajoutons que les banques commerciales régionales sont cruciales pour les régions de France. Elles sont un puissant antidote au centralisme français. Avec les banques régionales, les capacités de financement locales sont allouées aux projets locaux. Il existe en fait une véritable osmose entre les banques régionales et leurs régions. Et la diversité des types de banques, régionales/nationales, banques commerciales/banques de financement et d’investissement, est une richesse pour l’économie d’un pays.

  • Troisième idée : Dans la gestion d’une banque, comme de toute entreprise, comme en général d’ailleurs, il faut se méfier du prêt-à-penser, de la doxa du moment.  Exemple : Le digital est l’ennemi mortel de la banque de réseau. Au contraire ! Citerais-je la BRED ? Ici comme ailleurs, dans une économie de la connaissance, il faut parier sur la valeur ajoutée, sur la formation, sur l’articulation intelligente de l’humain et du digital.

Bien conduites, bien transformées, avec rigueur, exigence et sérénité, et sans fascination pour les prétendues « disruptions », néologisme anglo-saxon à la mode, les banques de réseau ont encore un bel avenir devant elles !

Mais il faut, pour l’assurer, conceptualiser clairement ce qu’est l’essence même du métier, à préserver absolument, et la distinguer de ce qui est le contexte évolutif des conditions d’exercice de ce métier. Pour l’anticiper et s’y adapter à temps, avec le moins de heurts possibles. La « disruption », par nature brutale, me semble n’être en fait le plus souvent que la conséquence d’un manque d’anticipation ou de préparation. Les mutations sociétales et technologiques s’opèrent en vérité très largement sur le temps long, et non brutalement.

Méfions-nous enfin au plus haut point de tout malthusianisme dans notre secteur, la banque commerciale, où la demande de banque de conseil n’a en réalité pas baissé. Et écoutons Jacques Rueff : « Les systèmes malthusiens (…) organisent la misère et la ruine ». Cela pourrait s’appliquer, me semble-t-il, à d’autres sujets du moment.

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Enfin, merci à la BRED, cette magnifique banque, qui m’a permis de réunir tout ce que j’aime dans le domaine, et tout ce que j’ai pu réaliser jusqu’à alors successivement dans ma vie professionnelle bancaire.

A la Bred, je réunis :

  • La banque de détail,
  • la banque d’entreprises ( corporate ),
  • la banque de marché de capitaux,
  • Et la banque à l’international, avec ses filiales à l’est de l’Afrique, dans le Sud-Est asiatique, dans le Pacifique, à Genève, comme d’ailleurs à Bruxelles.

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Je conclurai, chers amis, cette présentation de ce qui me fait avancer, de ce qui me passionne, en citant mon attachement très profond à l’Europe. Attachement qui m’a fait accepter la proposition de Philippe Jurgensen de lui succéder à la tête de la section française  de la Ligue Européenne pour la Coopération Economique.

En synthèse, loin, très loin, de la « cancel culture » et de l’esprit « woke », j’aime notre civilisation, ses arts, sa littérature, bref…sa culture. Et à ce titre-là, avant tout, je mets l’humanisme et l’universalisme à un niveau civilisationnel très élevé, loin, très loin, des séparatismes, du racialisme et autres communautarismes, nouvelles formes paradoxales du racisme comme du sexisme.

Quels ont été et sont, en effet, les meilleurs vecteurs dans l’histoire humaine que l’humanisme et l’universalisme pour tendre vers l’égalité des chances ? L’égalité hommes-femmes ?  L’égalité des races ? Comme pour assurer la capacité des différentes religions à coexister paisiblement, pacifiquement ?

Je mets au sommet du développement des sociétés en outre, l’état de droit, l’habeas corpus, et la liberté individuelle. Dans le cadre d’une morale du vivre ensemble, du respect par tous des droits et  des devoirs, à l’opposé d’un individualisme forcené.

Même si je conçois parfaitement que ce modèle d’organisation ne s’exporte pas. Et encore moins par la force.           

Mais aujourd’hui, je suis fier, oui, fier de ce qui constitue le socle commun de l’Europe. Notre Europe. Cependant, je suis inquiet devant la si grande difficulté de l’Europe à s’organiser, à ne pas diverger, entre Nord et Sud, l’Est et l’Ouest. Devant une si grande difficulté à se penser en tant qu’Europe. A valoriser ses atouts et à défendre ses valeurs.

Certes elle a connu des avancées très significatives avec le plan Next Génération EU et l’emprunt communautaire. Mais cela sera-t-il durable, sans une discipline commune et partagée ?

Notre Europe peut-elle s’affirmer tant politiquement, économiquement, que diplomatiquement ou militairement, comme une puissance qui peut et doit se faire respecter sur la scène mondiale ? Ne doit-on pas faire émerger d’urgence une Europe stratège ? Ou une Europe puissance ? Peu importe les mots. Mais sur quelles forces internes peut-on compter pour cela ?

L’Europe, à mon très humble avis, doit repenser hardiment son organisation, ses règles de décision et d’action, voire sa géographie en fonction des thèmes concernés. Sinon, ne risque-t-elle pas de progressivement s’effacer en tant qu’acteur maître de son destin, devant le jeu sans pitié des puissances d’ aujourd’hui ?

Quel pays européen peut seul peser face à la Chine, face aux Etats Unis ? L’actualité très récente, sous-marine, vient encore de le souligner cruellement.

Parfois, trop souvent même, je pense à l’Europe, en craignant l’appréciation de  Charles Péguy  parlant du Kantisme : «  Le Kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains du tout », disait-il.

Mais immédiatement, complémentairement, je vous proposerai cette nouvelle et dernière citation de Tocqueville, Tocqueville qui se révèle de plus en plus avoir été un immense visionnaire :

« Ayons donc de l’avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette terreur molle et oisive qui abat les cœurs et les énerve ».

Citation qui se rapproche de celle de Gramsci qui écrit ces mots que j’aime et cite tant : « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence avec l’optimisme de la volonté ».

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Remerciement à ma famille et à l’ensemble des présents,  mes amis.

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« La gouvernance économique de l’Europe » – les Nocturnes de l’Économie 2021

Programme complet et inscriptions : http://www.journeeseconomie.org/index.php?arc=e26