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« L’entretien HEC » – replay

J’ai eu le plaisir d’être invité par Hedwige Chevrillon, Rédactrice en Chef du Grand Journal de L’Eco chez BFM Business et Vincent Beaufils, Directeur de la publication de Challenges en tant que Grand invité de l’émission « l’entretien HEC » diffusé sur BFM Business et le site internet du magazine Challenges.

Au sommaire de cette interview de nombreux sujets liés à la banque et l’économie en général.

Actualité : impact du conflit en Ukraine sur la bourse, sur les entreprises, dépendance au réseau SWIFT des banques, inflation, croissance, enjeux pour les banques centrales.

Echange avec Ada Di Marzo, Directrice générale de Bain & Company

Business : ma stratégie pour la BRED, l’investissement dans la valeur ajoutée et l’humain, le rôle du conseiller, l’intégration du digital, l’engagement pour l’égalité des chances.

Questions d’étudiants et alumni HEC dont Bertrand Badré, Fondateur du fonds Blue like an Orange et Jeremy Ghez, Professeur d’économie et d’affaires internationales : attentes vis-à-vis de la banque, économie durable, soutien à l’économie des DOM, évolution des taux d’intérêt, réglementation bancaire, enseignement, stratégie internationale.

Enfin j’ai pu présenter et partager mes réflexions sur mon essai « Crises et mutations : petites leçons bancaires » un essai publié par la Revue Banque associée aux éditions Eyrolles.

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La banque de proximité n’a pas dit son dernier mot

Pour un meilleur confort de lecture, retrouvez le texte de l’article ci-dessus :

A l’annonce des performances historiques des banques, les commentateurs évoquent déjà l’avènement d’un nouveau cycle, plus prolifique, et ne manquent pas de relever que la crise sanitaire leur a été plus que profitable. Cependant, ils s’interrogent encore sur la capacité des banques traditionnelles à opérer leur mue dans un monde où le digital a pris une part encore plus importante dans la société depuis la pandémie.

On en revient à la sempiternelle question de l’avenir de la banque traditionnelle, avec son réseau d’agences désertées par les clients, « disruptée », désintermédiée avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui investissent les services bancaires.

Qu’en est-il vraiment ? Tour à tour transformatrice et transformée, la banque continue de faire mentir la chronique de sa mort annoncée !

Un rôle irréductible

Son utilité économique et sociale a été confirmée à la faveur de la crise. Outre son indispensable rôle de financeur de l’économie réelle, elle a aussi fait la preuve de sa capacité d’anticipation et d’adaptation en accompagnant le foisonnement de nouveaux usages et comportements de consommation. Sachant accompagner et même tirer avantage du fort développement de l’e-commerce et du commerce hybride ou encore de la digitalisation. Cela n’a été rendu possible que parce que les banques étaient prêtes, avec des technologies matures, des infrastructures bien dimensionnées, des organisations adaptées et des équipes agiles et bien formées. Ces qualités sont autant de preuves de sa propre capacité de transformation, en tant qu’industrie et en tant qu’institution.

Ajoutons que seule la banque, dans son activité singulière de transformation permettant de faire coïncider crédit et épargne, prend à sa charge les risques de crédit, de taux d’intérêt et de liquidité qui en résultent, permettant ainsi aux emprunteurs comme aux prêteurs de ne pas les prendre sur eux-mêmes. Cette fonction est elle aussi constitutive de l’utilité économique et sociale des banques commerciales.

Un tiers de confiance

Pressée par les néobanques, les fintechs et autres Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, NDLR), elle a su conforter son rôle de tiers de confiance. Une confiance dans son aptitude à accompagner durablement ses clients dans leurs projets de vie ou d’entreprise, en répondant à leurs besoins de financement, à la demande de solidité des placements effectués en son sein et, enfin, à l’indispensable protection de leurs données.

Elle a su également réaffirmer son rôle de producteur et de distributeur de services financiers, en mettant à profit la technologie pour mieux développer encore ce qui fait sa spécificité et sa valeur ajoutée : le conseil. Si le numérique a ses avantages pour augmenter la praticité pour les clients et réduire les coûts sur les opérations transactionnelles, il ne sert réellement la compétitivité, dans le domaine du conseil, que lorsqu’il est mis au service de l’humain, pour multiplier les temps de contact avec les clients, assister les conseillers dans leur prise de décision et développer une organisation du travail souple et efficace.

La force de la proximité

C’est la stratégie de la Bred depuis 2012 : tout à la fois investir beaucoup dans le digital et donner toute sa place à l’intelligence humaine, seule à même de préserver le principal déterminant de l’intermédiation bancaire qu’est la confiance. Cette ambition humaine se double d’une nécessaire proximité relationnelle qui passe par le maintien d’un réseau d’agences, sur tout le territoire. La dernière étude en date de la Fédération bancaire française* le souligne : la proximité est, pour les Français, un enjeu déterminant de leur satisfaction et de leur confiance. Ils souhaitent avoir la possibilité de recourir aux services de la banque sur internet et en agence en fonction de leurs besoins. Seuls 8 % des répondants adhèrent au modèle du tout digital.

Les banques, comme toute autre entreprise, ne pourront justifier le maintien de leur utilité économique et sociale que par une adaptation intelligente et efficace aux évolutions du monde, en comprenant et préservant l’essence même de leur métier et de ce qui en fait leur caractère irréductiblement nécessaire.

Un capitalisme partenarial

Enfin, l’entreprise bancaire ou non, plus que jamais, se doit de bien prendre en compte l’ensemble de ses parties prenantes : clients, salariés, fournisseurs, actionnaires, la société dans son ensemble, y compris l’environnement. L’avènement d’un capitalisme partenarial est nécessaire à l’entreprise mais aussi à l’efficacité durable du système économique dans son ensemble. La banque coopérative ou mutualiste aura ici démontré une forme de modernité incontestable.

Aussi est-il nécessaire de continuer à mettre cette modernité toujours renouvelée au service de l’accompagnement des grandes transitions actuellement à l’œuvre.

*« Les Français, leur banque, leur attentes » (3e vague), FBF, décembre 2021.

« Crises et mutations : petites leçons bancaires » est disponible à la vente sur les sites suivants :

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« La Bred, la banque populaire pas tout à fait comme les autres, réfléchit à son expansion internationale » Tribune publiée dans La Tribune du 15 février 2022

La Tribune – Eric Benhamou
15 février 2022

La Bred a toujours su marquer sa singularité, non seulement au sein du groupe BPCE, mais aussi dans le paysage bancaire français. Imaginez en effet une Banque populaire, présente en région parisienne, mais aussi en Normandie et en Picardie, qui s’impose dans les D.O.M, affiche des ambitions dans des pays asiatiques émergents (Vanuatu, Cambodge, Laos…) et qui dispose toujours de ses propres filiales spécialisées, notamment dans la gestion d’actifs ou l’assurance-vie, et même sa propre salle de marché qui a su se faire une belle place sur le segment des billets de trésorerie !

La banque régionale vient de publier des résultats aussi bons que les autres banques. Son chiffre d’affaires est en hausse de 13,5% à 1,45 milliard d’euros et son résultat net s’envole de plus de 50% à 412 millions d’euros. Son coefficient d’exploitation (charges d’exploitation sur chiffre d’affaires) à 55 % est l’un des meilleurs de la place, et n’a pas à rougir de la comparaison avec les plus rentables banques européennes.

Mais, ce qui marque davantage la banque, c’est la régularité de ses résultats, notamment en banque de détail en France. Depuis 2012, le produit net bancaire de la banque commerciale en France s’est ainsi accru de 50% malgré l’effondrement, sur la période, des taux d’intérêt qui a ruiné les marges bancaires. Peu d’établissements peuvent afficher un tel exploit dans la banque de détail sur une aussi longue période, excepté sans doute le Crédit Mutuel.

Le rôle pivot du conseiller

Le modèle bancaire traditionnel, Olivier Klein, directeur général, y croit dur comme fer ! Le dirigeant vient même de publier un ouvrage (Crises et mutations : petites leçons bancaires, éditions Eyrolles) pour tordre le cou à bien des affirmations sur la disruption bancaire ou le règne inéluctable de la banque en ligne. De quoi d’ailleurs marcher sur les traces de l’un de ses prédécesseurs, François-Xavier de Fournas et de son pamphlet (Espèces de banquiers !), publié dans les années 90.

« J’ai toujours eu la conviction que la banque en ligne pure player ne pourra pas réussir, c’est-à-dire, être rentable », avance, un brin provocateur, Olivier Klein. « La banque en ligne est une banque low cost limitée au transactionnel, ce qui ne correspond qu’à une partie des attentes des clients. Il lui manque une ressource rare :
le conseiller. La réalité est qu’un client, petit ou grand, aura toujours besoin d’un conseiller. Mais, bien évidemment, pour les conserver, les banques traditionnelles se doivent d’améliorer la valeur ajoutée du conseil et de proposer des services digitaux de même qualité que les challengers numériques. C’est, globalement, ce qu’elles parviennent à faire aujourd’hui », explique Olivier Klein.

Agences sur rendez-vous

Pas question dès lors, d’envisager une diminution du nombre de conseillers, ni même, et surtout, des agences bancaires. « Le maintien de notre réseau d’agences comme de nos conseillers, appuyé sur la recherche continue d’une meilleure valeur ajoutée délivrée à chaque segment de clientèle, explique en grande partie la croissance de notre chiffre d’affaires dans la banque commerciale en France », affirme Olivier Klein.

Mais, maintenir son réseau ne veut pas dire de ne rien faire. Ainsi, la banque a généralisé son modèle, testé en 2019, soit avant la crise sanitaire, d’agences ouvertes uniquement sur rendez-vous. L’objectif est que le conseiller puisse préparer le rendez-vous, pris via l’application mobile et soit vraiment à l’écoute au moment de l’entretien. La crise sanitaire a également aidé à la prise de décision de généraliser cette approche.

« Nous avons transformé en profondeur l’organisation de notre réseau d’agences et la façon d’y travailler, avec des unités de gestion qui regroupe trois ou quatre agences, une segmentation plus fine de la clientèle et des conseillers spécialisés sur chaque segment, le recours de plus en plus systématique aux outils de l’IA (intelligence artificielle) », résume Olivier Klein.

Le budget formation s’est parallèlement envolé pour atteindre 6% de la masse salariale et des écoles de formation internes pour les conseillers ou le management ont été créées. En revanche, pas question de facturer le conseil qui doit rester, selon le patron de la Bred, au coeur de l’offre bancaire déjà payante. C’est vrai aussi que la Bred, plutôt positionnée sur les PME, les professionnels et la clientèle moyenne gamme, n’est pas forcément la moins chère du marché.

Cap sur des terres lointaines

La Bred est également « la » banque populaire des DOM depuis la reprise en 1999 des actifs sains, des clients et du réseau du Crédit Martiniquais, alors en faillite. L’activité est rentable, ce qui peut représenter une gageure alors que Société Générale a quitté les Antilles il y a deux ans, et elle est complètement intégrée à l’organisation et au système d’information de la banque commerciale en France. La banque revendique en moyenne 15 % de part de marché sur les particuliers, 25% sur les professionnels et 35% sur les entreprises.

Plus exotique est le pari fait sur les pays émergents, notamment en Asie. L’histoire a débuté avec la reprise de 50% du capital de la banque de Nouvelle-Calédonie puis, par capillarité, par la création d’une nouvelle banque au Vanuatu et des prises de participation aux iles Fidji et aux îles Salomon. La Bred est également la première banque étrangère à Djibouti et a ouvert ces dernières années une banque au Cambodge (où le projet blockchain de la banque centrale a eu un certain retentissement) et au Laos.

Toutes ces banques (hors Nouvelle Calédonie) sont gérées à partir d’un infocentre basé à Bangkok (200 informaticiens), et placées sous la responsabilité d’une direction international. Ce pôle (y compris les activités de négoce en Suisse) pèse environ 14 % du chiffre d’affaires de la Bred, qui a connu, l’an dernier, une forte croissance de 25%. La banque n’exclut pas d’ailleurs de nouveaux projets d’expansion à l’international dans ses zones d’implantation. Elle en a les moyens : elle vient à nouveau de lever 113 millions d’euros dans le cadre de son augmentation de capital auprès de ses sociétaires.

« Le poids relatif de la banque commerciale en France (environ 70%), de la salle de marchés (environ 10%) et de l’international (entre 14 et 15%) a peu varié dans le temps car tous nos métiers ont progressé progressent, peu ou prou, au même rythme », souligne toutefois Olivier Klein.

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Découvrez mon témoignage dans le nouvel épisode de « Haute Fréquence », le podcast de l’Agefi.

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Le risque d’instabilité financière peut-il venir des non-banques ?

Les pratiques, mais aussi les règles comptables, ont leur influence dans le comportement des banques et du secteur non bancaire, deux segments complémentaires tout en étant concurrents. La réglementation a aussi son rôle. D’où la nécessité de réfléchir à une réglementation pour les non-banques.

Faire correspondre les capaci­tés de financement des uns et les besoins des autres, telle est l’ambition du système finan­cier. Autrement dit, des banques et des marchés financiers. Ces deux composants ont des rôles pour partie identiques et pour partie distincts. Les deux contribuent au financement des acteurs économiques. La part de la finance de marché a fortement monté dans le monde depuis la grande crise financière. Elle atteint jusqu’à envi­ron 50 % des financements en géné­ral, et 30 % pour le segment des cor­porate. Il est d’ailleurs utile que les fonds de placements, les gestion­naires d’actifs et les investisseurs institutionnels – acteurs majeurs des marchés financiers – prennent leur part dans les financements. Car les banques ne peuvent suffire à elles seules à assurer la totalité à financer.

Les marchés acceptent des risques refusés par les banques

De plus, ils peuvent apporter des capitaux à des entreprises plus dif­ficiles à financer par les banques, notamment aux start-up ainsi qu’à l’innovation en général. Explication : le risque de crédit de ces secteurs est généralement trop élevé pour les banques, vu la contrainte de protection des dépôts qui leur sont confiés. Les fonds d’investissement peuvent accepter de perdre davantage si, en moyenne dans le temps, les gains en capital réalisés sur les entreprises qui survivront et réussiront sont supérieurs aux pertes et si leurs détenteurs acceptent de prendre ce risque.

Les deux types d’acteurs composant le système financier sont en outre différents du point de vue de la stabi­lité financière. D’une part, parce que les banques inscrivent à leur bilan la valeur historique des crédits accordés. Elles doivent provisionner le risque de façon statistique, mais aussi au cas par cas en fonction de leur appréciation d’une éventuelle dégradation com­promettante de la capacité de rem­boursement de chaque emprunteur. En revanche, les fluctuations des opi­nions moyennes sur la qualité du risque ne sont pas prises en compte et n’en­traînent aucune variation comptable.

Une appréhension différente du risque

L’approche est totalement différente du côté des fonds : ils doivent enregis­trer à chaque instant la variation de la valeur de marché de leurs investisse­ments financiers, en application des règles comptables de fair value. Cela induit une différence de comporte­ment considérable entre les banques et les fonds. Les banques choisissent de faire crédit en fonction de leur ana­lyse de la capacité de remboursement dans le temps de l’emprunteur. Les fonds, eux, choisissent d’acheter des obligations en fonction de ce qu’ils pensent de l’évolution de l’opinion majoritaire du marché quant à la valeur de la prime de risque affec­tée à l’emprunteur. Pourquoi prêter si l’on pense que la valeur de l’obli­gation s’abaissera prochainement même si l’on ne craint pas in fine un non‑remboursement ? Sauf à ce qu’il soit conditionné fortement par la perspective de la titrisation des crédits octroyés ou de la revente des risques par CDS[1], le comportement des banques est donc bien plus stable par construction que celui des fonds. Les mécanismes de valorisation de ces derniers sont en effet beaucoup plus volatils, car liés aux phénomènes auto-référentiels des marchés.

En outre, les fonds ne prennent pas les risques financiers sur eux-mêmes. Tant les risques de crédit, de taux d’intérêt que de liquidité sont effectivement laissés dans les mains des investisseurs finaux, ménages ou entreprises. Alors que dans le cas de l’intermédiation bancaire, les banques prennent à leur charge ces risques sur leurs propres comptes de résultats. Et elles le font de façon professionnelle, réglementée et supervisée. Permettant ainsi aux ménages et aux entreprises n’en ayant pas la compétence ou le désir de ne pas les prendre.

Prise de risque accrue des taux très bas

Les banques et les intermédiaires financiers non bancaires comme les fonds sont donc tous les deux très utiles, tout à la fois concurrentiels et complémentaires. Mais la proportion accordée à chacun dans le système financier global participe fortement à la stabilité ou l’instabi­lité d’ensemble. Ajoutons un point fondamental, sur lequel les grandes banques centrales sont en train de se pencher. Depuis la grande crise finan­cière de 2007-2009, la réglementation des banques s’est significativement renforcée, notamment via les ratios de solvabilité exigés (plus de capitaux propres pour des risques identiques) et l’établissement de ratios contrai­gnants limitant le risque de liquidité. Il n’existe pas de réglementation de ce genre pour les intermédiaires finan­ciers non bancaires.

Or, la politique monétaire de taux très bas très longtemps a conduit progressivement les acteurs finan­ciers, pour le compte des épargnants, à rechercher du rendement, en pre­nant de plus en plus de risque. En termes de risque de crédit – incluant des effets de levier de plus en plus élevés – avec des primes de risque écrasées. Comme en termes de risque de liquidité, en allongeant toujours plus les durées de titres de crédit et en abaissant le niveau attendu de leur liquidité. Les actifs des fonds sont ainsi devenus plus vulnérables dans une proportion non négligeable, ainsi que le sou­lignent toutes les études des orga­nismes chargés de la supervision de la stabilité financière dans le monde. Le risque peut ainsi être repoussé hors du système bancaire vers les agents financiers non bancaires, sans contrôle.

Attention à l’aléa moral !

Due à l’impact envisagé de la pan­démie, la violente crise financière de mars 2020 a été heureusement très vite maîtrisée par les banques cen­trales. Elles ont agi très fortement et très rapidement. Mais cette crise a aussi montré la résilience des banques et, parallèlement, la vulnérabilité de nombre de fonds. Les banques cen­trales ont dû acheter des montants très élevés de titres aux fonds en difficul­tés, y compris high yield. Il fallait évi­ter un enchaînement catastrophique, dû notamment à des retraits brutaux d’investisseurs finaux auxquels ne pouvaient pas faire face ces fonds sans accuser de pertes trop importantes ou sans crise de liquidité majeure.

La réglementation prudentielle et macroprudentielle ne peut pas tout, mais elle est essentielle pour atténuer la procyclicité naturelle de la finance et pour prévenir autant que possible le risque d’instabilité financière.

Elle doit impérativement aujourd’hui être étendue et adaptée aux intermé­diaires financiers non bancaires. Elle est en outre indispensable pour lutter contre l’aléa moral, car sans régle­mentation préventive et avec des sau­vetages lors des grandes crises, la prise de risque peut être toujours plus élevée, et ce sans limite ou presque, grâce à une option gratuite donnée par les banques centrales contre les accidents graves. Enfin, la propor­tion entre banques et non-banques dans le système financier pris dans son ensemble doit faire également l’objet d’une analyse et d’une poli­tique adéquates pour définir l’équi­libre le plus favorable, à la fois à la croissance et à la stabilité finan­cière.

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« Crises et mutations : petites leçons bancaires » un essai publié par la Revue Banque associée aux éditions Eyrolles

J’ai le plaisir de vous donner à découvrir un extrait d’une réflexion sur le temps des mutations issu de mon livre « Crises et mutations : petites leçons bancaires » publié par la Revue Banque associée aux éditions Eyrolles :

« Arrêtons-nous un instant sur ces mouvements liés aux grandes mutations. Il faut se garder des grands coups de volant organisationnels et de l’abus du mot “rupture”, et encore davantage de celui de “disruption”, néologisme appliqué bientôt à toutes les situations mal maîtrisées. Lorsque les modes de régulation de l’économie se modifient profondément, ces évolutions ne procèdent que très peu, pour ne pas dire jamais, par saut brutal. Il s’agit, au contraire, de mouvements lents, bien que puissants, qui engendrent des mutations des modes de travail, des normes salariales comme de consommation, des technologies utilisées, etc. Ces mutations s’opèrent par tâtonnements, ajustements successifs, jusqu’à ce qu’un nouveau mode de régulation s’impose et se stabilise, dans un nouveau cycle long autorisant une phase durable de croissance régulière fondée sur de nouveaux secteurs moteurs et des organisations sociales, au sens large, remodelées. »

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