« Se réinventer ne veut pas dire tout rejeter » Interview pour le magazine Le Mémento

04.11.2022 3 min
« Rares sont les crises mondiales dont les banques ne sont pas tenues responsables. Pourtant, rares sont celles où les banques n’ont pas un rôle à jouer pour éviter l’effondrement ou pour faciliter la reconstruction. »

« Rares sont les crises mondiales dont les banques ne sont pas tenues responsables. Pourtant, rares sont celles où les banques n’ont pas un rôle à jouer pour éviter l’effondrement ou pour faciliter la reconstruction ». C’est ainsi qu’Olivier Klein, le directeur général de la BRED introduit son nouveau livre “Crises et Mutations : petites leçons bancaires” paru aux éditions Eyrolles en 2022.

Pourquoi la crise ? L’homme est coutumier des essais et il faut dire que le regard qu’il porte, l’analyse qu’il donne à comprendre de l’époque contemporaine et de ses mécanismes font de lui un référent en matière de finances. Ainsi, il a récemment signé une tribune dans Les Échos sur la politique monétaire, est intervenu pour parler « pouvoir d’achat et marché immobilier » sur France Inter, et a tenu une conférence au club des « Grands Décideurs » de La Réunion sur « l’inflation, les taux d’intérêt et la dette ».
D’où part l’idée de ce livre ? « De l’évidente transformation du monde » répond-il, avec comme champ d’application son secteur, la banque, mais pas seulement puisqu’il évoque également à travers cette centaine de pages, ceux de la grande distribution et de l’enseignement également. « Je tente une réflexion » explique-t-il humblement, « et celle-ci mène à la conclusion qu’en réalité, les mutations sont lentes qu’il s’agisse de société ou d’économie ».

Comprendre le changement. Une crise comme celle que vivent actuellement la France et le reste du monde, n’a rien d’une éruption inattendue et il suffit de regarder l’Histoire pour voir qu’elles ne sont qu’un passage d’un état à un autre, « d’un mode de régulation » à un autre, pour reprendre les termes d’Olivier Klein. Chaque crise étant induite par une révolution technologique, tantôt la machine à vapeur, tantôt la numérisation, qui vient changer la donne en matière de production et de consommation. « L’idée de disruption, où tout change de façon brutale est fausse » assène le directeur de la BRED, et « ceux qui prétendent le contraire sont ceux qui n’ont pas su anticiper ». Difficile là encore de lui donner tort, lui qui a développé avec succès le concept de « Banque sans distance ». Les mutations sont par nature lentes, certes pas forcément prévisibles, mais on peut déceler les grandes tendances et ainsi s’adapter aux changements à venir.

Revenir à l’essentiel. C’est tout cela que démontre Olivier Klein dans son livre, très pédagogique même si quelques notions d’économie restent indispensables à sa lecture. Au travers de trois grands chapitres, l’auteur revient donc sur le rôle fondamental de la banque « d’utilité économique et sociale », sur les menaces qui ont toujours pesé sur elle – sa disparition comme une antienne mais surtout sur « l’impératif de revenir à l’essence même du métier ».
Face à la multiplication des néo-banques cette dernière décennie, la tentation était forte de se perdre et de rater l’essentiel. Pour le DG de la BRED, ce modèle « demeure incomplet […] il laisse en dehors de leur spectre, l’activité de conseil qui pourtant fonde l’utilité singulière de la banque traditionnelle ». Et pour corroborer cet argument, les chiffres : les banques à distance ne sont pas rentables encore aujourd’hui, et peinent à trouver l’équilibre dans leur modèle économique.

Une bonne réflexion, mais. Et aux détracteurs qui diront qu’il faut accepter la modernisation, Olivier Klein rétorque qu’il ne s’agit pas d’affirmer que « c’était mieux avant », mais bien de comprendre que le passé ne disparaît pas, il mue dans un mélange d’ancien et de nouveau qui crée des codes inédits et modes de régulation. La révolution technologique pour le secteur bancaire, c’est donc de développer le digital et valoriser l’humain.
« Crises et Mutations : petites leçons bancaires » permet ainsi aux cadres supérieurs, chefs d’entreprise et à tou.te.s celleux qui réfléchissent à leur métier d’appréhender les mécanismes économiques et financiers actuels, ainsi que les enjeux que supposent une crise et/ou une transformation de la société, qu’elle soit économique ou non.

Merci à Laurie Ferrere pour cette interview pour le magazine Le Mémento.

Olivier Klein
Directeur Général de la BRED et professeur de macroéconomie financière et de politique monétaire à HEC