La banque de proximité n’a pas dit son dernier mot

10.03.2022 3 min
Article publié le 10 Mars 2022 par L'AGEFI Hebdo à l'occasion de la publication de mon essai « Crises et mutations : petites leçons bancaires » publié par la Revue Banque associée aux éditions Eyrolles

Pour un meilleur confort de lecture, retrouvez le texte de l’article ci-dessus :

A l’annonce des performances historiques des banques, les commentateurs évoquent déjà l’avènement d’un nouveau cycle, plus prolifique, et ne manquent pas de relever que la crise sanitaire leur a été plus que profitable. Cependant, ils s’interrogent encore sur la capacité des banques traditionnelles à opérer leur mue dans un monde où le digital a pris une part encore plus importante dans la société depuis la pandémie.

On en revient à la sempiternelle question de l’avenir de la banque traditionnelle, avec son réseau d’agences désertées par les clients, « disruptée », désintermédiée avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui investissent les services bancaires.

Qu’en est-il vraiment ? Tour à tour transformatrice et transformée, la banque continue de faire mentir la chronique de sa mort annoncée !

Un rôle irréductible

Son utilité économique et sociale a été confirmée à la faveur de la crise. Outre son indispensable rôle de financeur de l’économie réelle, elle a aussi fait la preuve de sa capacité d’anticipation et d’adaptation en accompagnant le foisonnement de nouveaux usages et comportements de consommation. Sachant accompagner et même tirer avantage du fort développement de l’e-commerce et du commerce hybride ou encore de la digitalisation. Cela n’a été rendu possible que parce que les banques étaient prêtes, avec des technologies matures, des infrastructures bien dimensionnées, des organisations adaptées et des équipes agiles et bien formées. Ces qualités sont autant de preuves de sa propre capacité de transformation, en tant qu’industrie et en tant qu’institution.

Ajoutons que seule la banque, dans son activité singulière de transformation permettant de faire coïncider crédit et épargne, prend à sa charge les risques de crédit, de taux d’intérêt et de liquidité qui en résultent, permettant ainsi aux emprunteurs comme aux prêteurs de ne pas les prendre sur eux-mêmes. Cette fonction est elle aussi constitutive de l’utilité économique et sociale des banques commerciales.

Un tiers de confiance

Pressée par les néobanques, les fintechs et autres Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, NDLR), elle a su conforter son rôle de tiers de confiance. Une confiance dans son aptitude à accompagner durablement ses clients dans leurs projets de vie ou d’entreprise, en répondant à leurs besoins de financement, à la demande de solidité des placements effectués en son sein et, enfin, à l’indispensable protection de leurs données.

Elle a su également réaffirmer son rôle de producteur et de distributeur de services financiers, en mettant à profit la technologie pour mieux développer encore ce qui fait sa spécificité et sa valeur ajoutée : le conseil. Si le numérique a ses avantages pour augmenter la praticité pour les clients et réduire les coûts sur les opérations transactionnelles, il ne sert réellement la compétitivité, dans le domaine du conseil, que lorsqu’il est mis au service de l’humain, pour multiplier les temps de contact avec les clients, assister les conseillers dans leur prise de décision et développer une organisation du travail souple et efficace.

La force de la proximité

C’est la stratégie de la Bred depuis 2012 : tout à la fois investir beaucoup dans le digital et donner toute sa place à l’intelligence humaine, seule à même de préserver le principal déterminant de l’intermédiation bancaire qu’est la confiance. Cette ambition humaine se double d’une nécessaire proximité relationnelle qui passe par le maintien d’un réseau d’agences, sur tout le territoire. La dernière étude en date de la Fédération bancaire française* le souligne : la proximité est, pour les Français, un enjeu déterminant de leur satisfaction et de leur confiance. Ils souhaitent avoir la possibilité de recourir aux services de la banque sur internet et en agence en fonction de leurs besoins. Seuls 8 % des répondants adhèrent au modèle du tout digital.

Les banques, comme toute autre entreprise, ne pourront justifier le maintien de leur utilité économique et sociale que par une adaptation intelligente et efficace aux évolutions du monde, en comprenant et préservant l’essence même de leur métier et de ce qui en fait leur caractère irréductiblement nécessaire.

Un capitalisme partenarial

Enfin, l’entreprise bancaire ou non, plus que jamais, se doit de bien prendre en compte l’ensemble de ses parties prenantes : clients, salariés, fournisseurs, actionnaires, la société dans son ensemble, y compris l’environnement. L’avènement d’un capitalisme partenarial est nécessaire à l’entreprise mais aussi à l’efficacité durable du système économique dans son ensemble. La banque coopérative ou mutualiste aura ici démontré une forme de modernité incontestable.

Aussi est-il nécessaire de continuer à mettre cette modernité toujours renouvelée au service de l’accompagnement des grandes transitions actuellement à l’œuvre.

*« Les Français, leur banque, leur attentes » (3e vague), FBF, décembre 2021.

« Crises et mutations : petites leçons bancaires » est disponible à la vente sur les sites suivants :