CHANGER, POUR RENDRE LE MODÈLE FRANÇAIS SOUTENABLE

30.06.2025 2 min
Le développement d’une hypertrophie de la sphère publique en France a de nombreuses conséquences négatives.

De la même manière que le marché n’est pas exempt d’erreurs et de dysfonctionnements endogènes,les décisions des pouvoirs publics peuvent ne pas être efficaces,voire être contreproductives et entraîner des effets pervers contraires aux buts recherchés.
Il n’y a ni omniscience des marchés, ni omniscience de l’Etat. Il n’y a pas le « méchant capital » et le « gentil État ». Pas de camp du mal et de camp du bien. Cette vision dichotomique est non seulement simpliste mais également dangereuse car très trompeuse. Le capital et l’administration connaissent leur propre logique de développement. Là,de capitalisation, d’accumulation du capital. Ici, de contrôle, de pouvoir. Tous les deux, éprouvant comme tout organisme vivant, la nécessité vitale de croître. Et pourtant, tous les deux sont nécessaires et complémentaires, dès lors que l’on ne laisse ni l’un ni l’autre s’imposer à tous et déstabiliser le délicat équilibre qui permet de combiner efficacement les deux.

En France,depuis des décennies nous voyons se développer un Etat omniprésent,tendant à intermédier les relations de chacun avec l’autre, c’est-à-dire de chacun avec la société. Et au détriment des corps intermédiaires.La suradministration tente de répondre à tout et à tous, en infantilisant les gens et en poussant sans cesse à plus de demande d’Etat. Ce qui amène inéluctablement la déception. L’Etat perdant en efficacité.Cela développe à son tour l’angoisse, la peur devenue insurmontable devant tout problème fût-il petit, tant le sens de la responsabilité individuelle a été réduit, abîmé.

Trop d’Etat induit une atomisation des individus et leur aliénation quant à leur capacité à agir par eux-mêmes. Un Etat trop intrusif et omniprésent peut conduire en effet à un affaissement de la confiance en soi-même, mais aussi entre les uns et les autres. C’est un frein à l’action individuelle et collective. Et entraîne une perte de solidarité auto-organisée entre les membres de la société. La suradministration développe en conséquence parallèlement la recherche de l’avantage maximal pour soi-même, l’hyper-égoisme. Chacun se déresponsabilisant,se déchargeant sur l’Etat .

Ainsi que le pense Hannah Arendt, cette dynamique induit une perte de l’équilibre nécessaire entre, d’une part, la liberté et la responsabilité individuelle et collective et,d’autre part, la nécessaire régulation de la société. « Le danger, ce n’est pas seulement la violence des régimes autoritaires, mais le glissement progressif vers une administration douce et paternaliste qui asphyxie la liberté sous prétexte de protection. » écrit-elle.

Il faut redonner à l’Etat vision et vigueur pour accomplir sa tâche au mieux.Sans développement superfétatoire.Sans suradministration. Ce qui induit sinon une inefficacité croissante qui devient dangereuse pour la démocratie elle-même.

Olivier Klein