Le renouveau de la modernité des banques coopératives et mutualistes

09.06.2021 3 min
Depuis plus d’une dizaine d’années, les entreprises sont amenées à repenser leur gouvernance pour prendre en compte, non plus seulement les intérêts des actionnaires, mais également ceux de toutes les parties prenantes – salariés, clients et société et territoires dans lesquels elles s’inscrivent. Elles doivent aussi contribuer aux enjeux de développement durable par l’intégration de préoccupations sociales et environnementales. Elles peuvent dorénavant en France définir leur « mission » dans leurs statuts.

Cette mutation, qui accompagne une évolution profonde de nos sociétés, et qui peut consacrer la nécessité du passage d’un capitalisme actionnarial à un capitalisme partenarial, confère une nouvelle modernité aux banques coopératives et mutualistes. Ces dernières s’intéressent, par construction, à leurs clients comme une partie prenante fondamentale puisque ce sont eux, en tant que sociétaires détenant leur capital, qui constituent et représentent leur gouvernance (dans les assemblées générales comme dans les conseils d’administration ou de surveillance qui contrôlent l’exécutif). La gouvernance même des banques coopératives et mutualistes est donc organisée de telle manière qu‘elles sont par construction « customer centric ». 

En outre, ces banques pensent, par nature, région et territoire. Parce que ce sont des clients vivant dans les lieux où elles sont implantées et où elles exercent leur activité qui composent les membres du conseil. 

Les salariés, quant à eux, sont mieux impliqués dans la stratégie poursuivie, eu égard à la taille des ETI bancaires considérées. Dans certaines enseignes, leurs représentants participaient déjà aux conseils, avant même que cela n’en devienne la règle. 

Enfin, les banques coopératives ou mutualistes sont bien souvent par essence engagées économiquement et sociétalement dans leurs territoires, parce qu’elles vivent en osmose avec eux. Si elles vont bien, elles contribuent à la bonne santé de leurs territoires. Si ces derniers se portent bien, les banques régionales se développent plus aisément. Leur engagement économique est donc constitutif à leur existence même. À ce titre, il est absolument indispensable pour la banque de continuer à financer un territoire, même lorsque celui-ci connaît un retournement conjoncturel. Il ne peut pas y avoir pour les banques régionales de fongibilité de l’épargne qui permettrait de déplacer et de réallouer l’épargne au détriment d’un territoire au motif que le couple rentabilité/risque serait meilleur ici que là. L’épargne qui est collectée par les banques coopératives ou mutualistes sert ainsi à financer les projets de vie et d’entreprise des clients sur place et à soutenir l’économie locale, quelle que soit la période traversée. 

Cet engagement se vérifie également dans leur approche RSE. Elles sont notamment attentives à utiliser une partie de leurs résultats au financement de missions d’intérêt général, qu’il s’agisse par exemple de la culture ou du sport, tous deux facteurs de cohésion sociale, comme de la transmission des savoirs et de l’égalité des chances, qui participent également, par nature même,  à cette cohésion. Il en va de même pour la transition énergétique.

Les banques coopératives contribuent ainsi pleinement à la dynamique économique et à la cohésion sociale des régions. Cette dynamique nécessite une relation de forte proximité qui participe à la singularité de ces banques. La proximité relationnelle, décisionnelle, comme managériale y est très prégnante. La relation qui s’établit entre le client et la banque doit être durable et conditionne la capacité des banques à bien faire leur métier et à être rentables. De plus, dans les banques coopératives ou mutualistes, les décisions de crédit notamment sont prises localement, dans la région. Enfin, de par la taille de ces banques et l’ancrage régional de leurs dirigeants, véritables entrepreneurs d’ETI bancaires de plein exercice, la proximité managériale est forte. Elle est essentielle car la banque de détail est un métier de services et la capacité à mobiliser les équipes au profit des clients peut être très différenciante. Cela leur donne également une réactivité et une capacité d’ajustement rapide de leur stratégie et de leur mode d’organisation, pour répondre au mieux aux évolutions des besoins des clients et soutenir leur rentabilité.

À cela s’ajoute le fait que les banques régionales coopératives et mutualistes, n’étant pas cotées, ne sont pas dépendantes des marchés boursiers, ce qui leur permet d’avoir une vision non contrainte par le court-termisme qui y règne parfois, comme par les impératifs souvent très mimétiques exprimés par les marchés financiers.

Olivier Klein
Directeur général de la BRED, 1er Vice-président de la Fédération Nationale des Banque Populaires